Décidément quand on aime, on ne compte pas... Combien de pages lues, combien d’heures accrochées à ce livre, combien d’instants de réflexion, d’hésitation. Peu importe le nombre, pourvu qu’on ait le plaisir d’une lecture sans cesse renouvelée, apportant à chaque page ce petit bonheur tant espéré. Il en va ainsi avec l’écrivain japonais Haruki Murakami. De roman en roman, de pages en pages, la lecture de Murakami ne fournit jamais de déconvenue, favorisant au contraire un plaisir toujours intact même si, au fond, sur l’ensemble de la production, certaines oeuvres n’égalent pas ses grands chefs d’oeuvres. Les Amants Du Spoutnik n’est donc pas un chef d’oeuvre mais la chronique ordinaire de trois satellites humains attirés chacun par l’autres sans que la réciprocité ne se fasse. Une étrange loi de l’attraction unilatérale et stérile qui pousse chacun vers une solitude sidérale.
K est un jeune instituteur qui au cours de ses études a rencontré Sumire, une jeune étudiante qui a tout plaqué pour devenir écrivain. K est amoureux de Sumire mais ce n’est pas réciproque. Cette dernière le considère plus comme un ami, le seul ami de sa vie dissolue. Sumire vit à contre sens, s’activant au moment où d’autres dorment, téléphonant à des heures indues et cherchant toujours un sens à toute chose sans jamais pouvoir totalement écrire quelque chose de romanesque. Malgré la taciturnité de Sumire, K reste toujours prévenant et attentif même quand celle-ci lui avoue être tombée amoureuse de Miu, une femme mature, fortunée et extrêmement belle. Une rencontre qui va bouleverser les orbites de chacun et qui va conduire à la disparition subite et étrange de Sumire....
Les Amants Du Spoutnik est une aventure amoureuse sous fond de profonde solitude. Une affaire de coeur qui ne finie jamais tout à fait mais qui peine à déboucher sur quelque chose, un peu comme nos vies qui avancent sans cesse mais n’arrivent pas tout à fait à réaliser nos souhaits. De cette ambivalence toute humaine, l’auteur japonais en tire une histoire en forme d’impasse où le lecteur s’aventure sans retenue. Un bon livre où le flot des mots de Murakami nous entraîne entre le Japon et la Grèce, entre les désirs des uns et les attentes des autres, entre l’amour voulu et celui réalisé.