A l’image de Pascal (Obispo) pour Michel (Polnareff), moi aussi, j’ose faire mon coming out... Depuis le temps... Oui maintenant je n’ai plus peur de le dire... Oui, je suis FAN de Björk jusqu’à acheter religieusement chacun de ses disques le jour même de leur sortie... Et oui ça va jusque là.... C’est dire... Mais là, je dois bien admettre que non, ce n’est pas possible.... Je suis fan mais il y a des limites à tout... Oui j’ose ! J’ose dire que la pochette du dernier opus de Björk n’est pas belle... Oui monsieur ! On dirait vraiment le croisement entre les pieds d’un Yeti et le corps d’une bouteille d’Orangina qui aurait rencontrés trois pots de peintures qui traînaient par là.... Bref en un mot pas vraiment du plus bel effet. Heureusement pour nous, le coeur de l’album s’avère, lui, plus à la hauteur de la diva islandaise.

Après avoir composé la très expérimentale bande originale de Drawing Restraint 9, Bjork change une nouvelle fois de direction et sort avec Volta un album en forme de kaléidoscope aux références musicales multiples et variées. D’entrée de jeu, le single Earth Intruders donne le ton de la pochette. Rythmiques tribales, voix haute perchée le tout agrémenté par les lames électriques du Konono N°1. Un tube énergique et très pop que l’on retrouve aussi sur Innocence ou le travail du producteur Timbaland s’avère particulièrement réussit. Parmi les autres grandes réussites de l’album les deux chansons en duo avec Antony (The Dull Flame Of Desire et My Juvenile) se révèlent belles et poétiques. (The Dull Flame Of Desire tire d’ailleurs ses paroles d’un poème de Fyodor Tyutchev que l’on retrouve dans le film Stalker d’Andrei Tarkovsky). Quand au plus ancien des collaborateurs de Bjork, Mark Bell, ce dernier tisse ici de magnifiques beats à la froideur redoutable tantôt hardcore sur le ténébreux Declare Independence tantôt déconstruits sur la plus belle réussite de l’album Wanderlust où cœurs de cuivres et electronica pointue se conjuguent à merveille avec la voix de la chanteuse. Volta enchaîne ainsi les climats au gré des collaborations sans pour autant surprendre son auditeur. Declare Independence ressemble à Pluto d’Homogenic, les deux duos avec Antony sont de belles ballades comparables à son dernier album et Timbaland signe comme à son accoutumé deux gros hits dont il a le secret.
Au final, Volta n’est ni le plus surprenant, ni le meilleur album de Björk mais ce dernier a le don de jeter les passerelles entre les genres et s’avère finalement un bon album de pop au sens large du terme. Le seul regret tient au fait qu’avec Volta, Björk ne prend pas de risques contrairement à ses précédents albums plus conceptuels (Vespertine, Medulla) laissant un petit arrière goût d’inachevé. Dommage....
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