Comme le krautrock ou le son des Stooges, la techno de Detroit est un genre musical dont on mesure tous les jours l’influence sur les productions actuelles. Il n’y a qu’à écouter par exemple le sublime dernier maxi d’Aril Brikha sorti chez Pokerflat pour s’en convaincre. A l’heure du tout minimal, il semble qu’on ait oublié l’hédonisme, les claviers vintage ET mélodiques et le sens du groove de la techno originelle au profit d’une darkness trop mentale et bien prise de tête.
Pour un Matthew Dear, combien de suceurs de roue et de maxis kilométriques sans saveur ?
Ken Ishii, star japonaise du genre, actif depuis les 90’s, n’oublie rien et propose avec Sunriser un album de facture classique qui fleure bon la naïveté. Certains pourront lui reprocher un côté franchement old-school. C’est certain, sur cet album il n’y a aucun des plug-ins de compression gigantesque que l’on retrouve dans le son des jeunes pousses françaises. Mais à l’heure où la techno vient de sauter une génération, il n’est pas inutile de porter un regard historiciste sur la techno.
En cela, Ken Ishii réussit parfaitement son pari en travaillant notamment avec Fabrice Lig, autre grand adorateur du son de Detroit pour sortir un bon album, chose rare dans un genre où l’unité de valeur reste encore le maxi.
Bon album, car bien construit avec des respirations electronica, elles aussi franchement inspirées 90’s.
En revanche, là où Ken Ishii trouve le juste tempo avec des morceaux permettant un développement intéressant sur l’album, il ne retient que l’efficacité au sens le plus strict du terme sur le cd mixé livré en bonus. 19 titres balancés à la vitesse de l’éclair avec le compteur de bpm bloqué. Si le côté classique dans sa composition revêt un charme singulier, il reste qu’on a fait des progrès dans le jeu avec la musique des autres...